Allers-retours
Les peintures de Blaise Schwartz, en dépit des narrations qu’elles superposent, en maillages denses ou plus lâches, apparaissent comme singulièrement silencieuses. Peut-être est-ce par les espaces qu’il convoque pour celles-ci, lieux « autres », en légère marge : pont de bateau, quais désertés de la Seine, docks où s’exhibent des containers… Autant de lieux utilitaires, aménagés pour le corps humain, mais où ce dernier est immanquablement absent ; dans les représentations de Blaise Schwartz, une géographie de l’errance solitaire se fait jour.
Bien souvent, différentes strates s’accumulent à la surface de ses peintures, dans lesquelles le motif de départ s’entrecroise avec d’autres fonds plus abstraits. Dans ses mises en scène très structurées, l’entremêlement des représentations, figuratives ou non, provoque inévitablement une certaine dispersion, où l’œil ne cesse ses allers-retours, sans forcément pouvoir rattacher les différents espaces à des lieux connus. Lavés de tout exotisme, les paysages minéraux de Blaise Schwartz apparaissent comme des formes réflexives et mélancoliques.
Et lorsque la figure humaine réapparaît, la voilà filigranée, à peine délinéée : nageurs solitaires, biffins aux visages baissés vers le sol ou figure adolescente peut-être endormie, adossée à un mur, son sac à dos à ses pieds. Opposée à toute forme d’autoritarisme, la peinture de Blaise Schwartz se construit, d’après ses dires, de façon intuitive, feuilletage après feuilletage. Nulle dilution, toutefois, si ce n’est celle de l’huile : dans l’espace de la toile, et même si l’imagination s’envole, tout se tient fermement.
2016